Activer sa résilience au coeur de la tourmente

2 février 2023 - par François BESSON

La résilience est cette extraordinaire capacité à nous relever de ce qui nous a fait mal.
Vous connaissez tous des exemples de résilience extrême : ces personnes tellement malmenées par la vie, ces survivants d’accidents, ces réfugiés ou handicapés qui se sont (re)construits dans l’adversité…

J’aimerais vous éclairer aujourd’hui sur la « résilience ordinaire », celle dont nous avons besoin toutes et tous, malgré nos vies apparemment confortables, dans les temps tellement inattendus que nous vivons depuis trois ans.



58% des gens ne parviennent pas à réguler leur attention


Mon métier est d’accompagner les dirigeants d’entreprises sur un chemin de plus grande liberté et de plus grande résilience en développant leur capacité de présence et d’attention. Dans les études auxquelles je contribue, nous nous sommes aperçus que 58% des gens ne parviennent pas à réguler leur attention. C’est à la fois le produit de notre société trépidante, hyper-sollicitante et ultra-interruptive – et aussi le fruit naturel de notre câblage sapiens-sapiens qui privilégie structurellement l’hyper-vigilance et la mobilisation face au danger plutôt que la concentration et l’apaisement.

C’est là que la machine s’emballe… Quand nous sommes bousculés, déstabilisés, inquiétés – comme nous le sommes depuis quelques années par les crises à répétition – ce mécanisme somme toute sain et naturel se transforme en pensée obsessionnelle, exagérément inquiète, ruminatrice, anxieuse. Le biais de négativité oriente notre champ de vision sur ce qui va mal ; et la petite voix de nos histoires, récits et fragilités nous incite au doute, au repli, à l’auto-dépréciation.

On parle parfois des “deux flèches”… La première est celle de la réalité, qui parfois nous percute et nous crée de la douleur – elle est inévitable. La seconde est celle de notre esprit qui, en nous braquant exagérément vers cette douleur, nous la transforme en souffrance à force de projections et d’obsessions — celle-ci est parfaitement évitable si on se donne la discipline de la gérer.



La résilience peut être une discipline


La résilience peut être une discipline. Elle est essentielle dans les temps actuels, où beaucoup est à soigner : nous-mêmes, notre entreprise, notre société, la nature qui nous accueille… Les interventions que je donne en entreprise depuis huit ans m’ont enseigné la valeur immense de trois entrainements – je souhaite de tout cœur qu’ils vous soient utiles :

1. Apprenez à poser votre esprit

« C’est en fonction d’où vous posez votre attention que se construit, instant après instant, votre réalité ». William James, père de la psychologie moderne, l’avait compris dès le XIXe siècle – bien avant les IRM fonctionnels (Imagerie à Résonance Magnétique = “super-scanner” du cerveau) et autres études neurologiques.

Le problème est que notre attention se pose souvent n’importe où (c’est le cas 47% de notre temps éveillé, d’après les études) et en grande majorité sur des choses répétitives, obsessives, aux relents anxieux et jugeants, et pas toujours bienveillants envers nous-mêmes.

Entrainer votre attention à être ici et maintenant, ce n’est pas tant devenir « zen » (car l’esprit vagabondera toujours : c’est sa nature !) que devenir LIBRE : libre de savoir où vous êtes mentalement, libre de choisir d’y rester… ou bien de poser votre attention ailleurs. En termes de résilience, c’est absolument essentiel car c’est l’outil qui vous permet de vous détacher des pensées difficiles pour revenir là où vous êtes le mieuxen mesure de prendre soin de vous, de vous reposer, de vous conforter.

Cet entrainement est particulièrement simple : c’est celui de la mindfulness (pleine conscience). Poser son attention sur son corps, sur sa respiration, et rester en observation consciente de votre expérience instant après instant. Vous pouvez en découvrir davantage grâce à l’audio “Entrainement à l’attention focalisée” que je vous offre également sur la page “Ressources”.

2. Faites des pauses, prenez soin de vous

Situation typique : je suis stressé, je suis speed… Des pensées anxieuses me traversent de manière répétitive : ma liste de choses à faire, ce que je n’ai pas fait comme j’aurais voulu, les interrogations vagues sur ce qui m’attend… La réaction presque automatique de mon mental est de me mettre en mode action : il faut que je « fasse » de manière à contrôler, à me rassurer, à avancer (vers quoi d’ailleurs… ?)

Cette tendance est de plus en plus sur-activée année après année, car c’est la sensation d’inconfort que nous cherchons à rejeter. Quelle erreur ! L’inconfort est normal, car la situation est réellement dérangeante. Nous ne pouvons pas changer la situation, nous ne pouvons pas supprimer les émotions naturelles qui se présentent ni l’inconfort qu’elles génèrent. En revanche nous pouvons ACCEPTER L’INCONFORT et stopper la course folle à la fuite par l’action.

Une technique simple est de faire des pauses régulières. De brefs moments où on pose le crayon, où on sort du mode « faire » pour se reconnecter au mode « être » : une attention consciente sur quelques cycles de respiration, ou tout simplement laisser l’esprit divaguer par la fenêtre… Quand vous revenez ensuite, votre mental est légèrement plus reposé, légèrement plus clair et cette injonction à l’action s’est un peu apaisée 😉

3. Cultivez l’intention de compassion

Les trois années de crise sanitaire (et de profonde mutation des modes de travail) nous ont bousculés — et parfois séparés — comme jamais. Physiquement autant que socialement. C’est passé par le port du masque, les restrictions, la méfiance de l’autre… Les différences de vue et de vécu sur les crises qui secouent le monde… Les attentes très différentes des uns et des autres sur la façon de travailler désormais : au bureau, à distance, en hybride…

La peur, l’inquiétude, l’incertitude souvent séparent. Or nous sommes précisément toutes et tous dans le même bateau, vivant les mêmes épreuves ! Il est très difficile de trouver sa résilience seul de son côté. Nous avons besoin de nous appuyer sur le soutien d’autrui – concret ou simplement imaginé.

Il existe un outil pour activer cette connexion humaine, c’est la compassion : l’intention d’être au service pour soulager la souffrance et apporter du bonheur. Cette compassion commence par soi-même : il est possible de s’envoyer une pensée de soutien, d’amitié, de tolérance. Nous ne sommes pas parfaits mais nous faisons de notre mieux. Et puis, aussi souvent que possible, activer cette intention de compassion envers autrui, proche ou lointain : que puis-je faire (ou tout simplement imaginer faire) pour leur être utile ?

Il est extraordinaire (et démontré scientifiquement) que cette pensée a le pouvoir d’activer le système parasympathique qui vous calme, vous repose et vous reconstruit. La compassion, on ne sait jamais si elle va bénéficier à autrui, mais on est toujours sûr qu’elle va nous bénéficier A NOUS 😉

Je vous souhaite tout le meilleur dans votre parcours en résilience !

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